Colombe, Michel

Dates :

v. 1430-1512

Profession principale :

Sculpteur

Œuvres notables

Médaille commémorative de l’entrée de Louis XII, 1500, or, Ø 3.6 cm, Paris, BnF, Cabinet des médailles.
Tombeau des enfants de Charles VIII et d’Anne de Bretagne, v. 1500-1506, marbre, dorure, Tours, cathédrale Saint-Gatien.
Tombeau de François II et de Marguerite de Foix, v. 1502-1507, marbre, pierre, Nantes, cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
Saint Georges combattant le dragon, 1508, marbre, h. 1,285 m ; L. 1,825 m ; pr. 0,17 m, Paris, musée du Louvre.


 

Fils du sculpteur berruyer Philippe Colombe (mort en 1457), Michel Colombe se forma au sein de l’atelier paternel et sur les chantiers de la capitale berrichonne du milieu du XVe siècle. Les débuts du jeune sculpteur demeurent encore mal connus. En 1462, il passa un marché avec Jean de Bar, chambellan du roi, maître des Comptes et bailli de Touraine, pour cinq statues destinées à la chapelle du château de Baugy. Bien que disparues, ces œuvres ont été mises en relation avec un relief de la Parenté de la Vierge conservé dans l’église paroissiale de Baugy et qui, par sa datation et son style, a été attribué au sculpteur. En 1473, Colombe fut associé, avec le peintre tourangeau Jean Fouquet, au projet (non réalisé) du tombeau de Louis XI pour l’abbaye Notre-Dame de Cléry. Il reçut à cette occasion un paiement pour « avoir taillé en pierre un petit patron en façon de tombe ». Plus tard, en 1484, il réalisa plusieurs figures d’animaux pour l’entrée de Catherine d’Armagnac à Moulins.

 

Les années tourangelles

Son installation à Tours s’effectua avant 1491 puisque cette année-là, il appartenait déjà à la confrérie de Saint-Gatien de la ville. Son atelier, établi rue des Filles-Dieu, dans le faubourg Saint-Étienne (actuelle rue Bernard Palissy), devint un point de convergence pour les tailleurs d’images qui collaboraient avec lui. En effet,  Guillaume Regnault, son assistant et neveu par alliance, et le maître maçon italien Jérôme Pacherot, résidaient également dans cette rue. Les années 1500 furent très fécondes pour Michel Colombe. En 1499, il participa à la préparation de l’entrée royale de 1500. Il confectionna le moule en terre cuite d’un harnais porté par le personnage de Turnus pendant la représentation d’un mystère. Il fournit également à l’orfèvre Jean Chapillon le modèle d’une médaille en or à l’effigie du roi Louis XII (Paris, BnF). Il sculpta vers 1502 une Dormition de la Vierge pour l’église Saint-Saturnin de Tours. Selon le témoignage de Thibault Lepleigney de passage à Tours en 1541, l’œuvre, qui suscitait son admiration, était « tout painct d’or et d’azur » [Lepleigney, 1861, p. 26] (La Dormition est-elle un groupe ou un relief? Les dimensions de l’œuvre servent de référence pour le Sépulcre de La Rochelle qui, d’après le contrat (ici), semble plutôt être un groupe. Aussi, même si Lepleigney parle d’un « tableau » pour la Dormition, est-ce qu’il ne pourrait pas plutôt s’agir d’un groupe ?). En 1507, les dimensions et le matériau de cette Dormition furent cités comme référence dans le marché de la Mise au tombeau commandée au sculpteur par les fabriciers de l’église Saint-Sauveur (œuvre détruite). Dans le même temps, il devait répondre à des projets de grande envergure.

 

Les commandes prestigieuses

La production de la dernière période fut foisonnante, soutenue par des commandes prestigieuses du pouvoir royal et de hauts dignitaires. Secondé par son atelier et par « deux tailleurs de massonerie entique italiens » parmi lesquels Jérôme Pacherot, Michel Colombe, déjà âgé, réalisa entre 1500 et 1507 deux tombeaux, pour Anne de Bretagne : le premier pour ses parents, François II et Marguerite de Foix, destiné à l’église des Carmes de Nantes, et le second, pour Charles-Orland et Charles, les deux enfants qu’elle eut avec Charles VIII, prévu pour l’abbaye Saint-Martin de Tours. La reine lui confia également l’édification du sépulcre de l’évêque Guillaume de Guégen, son ancien confesseur mort en 1506, dans la cathédrale nantaise. En 1508, le cardinal Georges Ier d’Amboise lui commanda un grand retable pour la chapelle haute de la résidence des archevêques de Rouen à Gaillon. La table de marbre fut acheminée à Tours par Jérôme Pacherot et le relief fut réalisé en intégralité dans l’atelier de la rue des Filles-Dieu.

La dernière entreprise documentée de Michel Colombe date de 1511. Cette année-là, le poète et chroniqueur Jean Lemaire et le peintre Jean Perréal furent chargés par Marguerite d’Autriche de constituer une équipe pour la réalisation du tombeau de son mari le duc de Savoie Philibert le Beau, qu’elle souhaitait faire construire dans l’abbaye de Brou (Ain). Ils s’adressèrent à Michel Colombe pour le « patron » en terre cuite (modèle de petite taille). Le maître, alors très affaibli, associa à ce projet son neveu, l’enlumineur François Colombe, Guillaume Regnault et le gendre de ce dernier, Bastien François, maître maçon à Tours. Quelques mois après, suite à la prise en main exclusive du projet par Jean Perréal, Colombe s’engagea à exécuter l’intégralité de l’œuvre qui devait compter dix figures de Vertus. Le projet prit du retard et ne put être porté à son terme. Le sculpteur, très malade, s’éteignit en 1512 laissant son atelier à Guillaume Regnault, son plus fidèle collaborateur.

 

Bibliographie

Cochin Claude, « Michel Colombe et ses projets pour l’église de Brou », dans Revue de l’art ancien et moderne, T. XXXV, 1914, p. 111-116.
Guillouët Jean-Marie, « La famille et le réseau Colombe » et « Michel Colombe », dans Tours 1500. Capitale des arts, catalogue d’exposition au musée des Beaux-Arts de Tours du 17 mars au 17 juin 2012,  Paris, Somogy, 2012, p. 133-135 et p. 186-191.
Lepleigney Thibault, La Décoration du pays et duché de Touraine, Tours, J. Bouserez, 1861.
Pradel Pierre, Michel Colombe, le dernier imagier gothique, Paris, Librairie Plon, 1953.
Vitry Paul, Michel Colombe et la sculpture française de son temps, Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1901.


Lien vers la fiche associée :

Colombe, Michel